Simplification des fonctions binaires |
Par simplification des fonctions binaires, nous entendrons la réduction du nombre des éléments littéraux ; c’est à dire la simplification, en dehors de toute considération technologique, des expressions symboliques écrites.
Le but poursuivi sera donc en général, la recherche et l’élimination des termes redondants : en définissant comme tel tout terme qui peut être supprimé dans une fonction binaire sans apporter de modification numérique relativement aux combinaisons de valeurs des variables indépendantes.
Les simplifications devront être les conséquences démontrables des propriétés algébriques des produits et des produels. Parmi les méthodes essentielles nous étudierons en particulier les simplifications par mise en facteur et développement, par adjacences, par transposition et par consensus qui sont des méthodes fondamentales et simples et s’avèrent suffisantes dans la plupart des cas.
Mise en facteur et développements
L’ensemble binaire « E » définit un anneau commutatif automorphe, puisque « E E » et que l’on a choisi deux lois algébriques internes de composition qui sont le produit « P », et le produel :
.
Il est intéressant de démontrer la propriété algébrique de distributivité du produel par rapport au produit et réciproquement, du produit par rapoort au produel. Cette réciprocité, qui résulte de la propriété fondamentale de dualité, est une caractéristique essentielle et particulièrement interessante des ensembles binaires.
Mise en facteur dans un produel.
Considérons le produel :
F.
L’expression algébrique développée s’écrit :
,
en utilisant le théorème d’idempotence ,
,
que nous pouvons écrire :
Ainsi se trouve démontrée l’identité réciproque :
Nous appellerons « mise en facteur » le passage de la première expression à la seconde et « développement » ou « produits effectués » le passage inverse.
L’identité précèdente peut être étendue à un produel contenant un nombre quelconque de produits admettant « » comme facteur commun.
Soit en effet la fonction ,
dans laquelle, , , \dots , , . Appellons , la fonction obtenue en mettant « » en facteur dans les deux premiers produits et .
En groupant « » et « », nous pouvons à nouveau mettre « » en facteur et nous obtenons , et ainsi de suite jusqu’à « » . Ce qui permet d’écrire l’identité :
Ainsi se trouyve démontrée la distributivité du produit par rapport au produel.
Mise en « facteur dual » dans un produit
Considérons la fonction : F
Le développement algébrique de « F » s’écrit :
Le théorème d’idempotence permet d’écrire,
d’où l’expression de « F » :
Nous avons ainsi démontré l’identité réciproque :
Nous appellerons « mise en facteur dual » , le passage de la première expression à la seconde et « produels effectués » ou « développement dual » le passage inverse.
Comme pour le produel, l’identité précédente peut être étendue à un produit contenant un nombre quelconque de produels admettant « » commer « facteur dual » commun.
soit :
avec , , ,
nous pouvons de proche en proche mettre « » en
facteur dual dans les produels ,
et obtenir finalement l’identité
Nous avons ainsi démontré la distributivité du produel par rapport au produit.
Simplification élémentaires des fonctions binaires
La propriété réciproque de distributivité des produits et produels va nous permettre de tirer un certain nombre de conséquences et de théorèmes élémentaires relatifs à la simplification des fonctions binaires.
Simplifications par développements.
Si la mise en facteur fournit en général une forme simplifiées des fonctions bianires, l’opération inverse par développement peut, dans les cas que nous allons envisager, fournir également des simplifications intéressantes.
cas
Dans le cas particulier, souvent rencontré où , nous pouvons écrire :
cas
Dans le cas particulier, souvent rencontré où , nous pouvons écrire :
Implications.
Nous savons que la condition nécessaire et suffisante pour qu’un produit binaire soit égal à l’unité, est que chacun des facteurs soit égal à l’unité.
Nous pouvons donc appeler chaque facteur implicant direct , ou implicant de l fonction « P » .
- fonction partielle pouvant être mise en facteurs dans une fonction donnée, sera donc un implicant de cette dernière.
Nous savons également que la condition nécessaire et suffisante pour qu’un produel soit nul, est que chaque facteur dual soit égal à zéro.
- Toute fonction partielle pouvant être mise en facteur dual dans une fonction donnée sera, par définition, un implicant dual de cette dernière.
- Considérons le produit ayant pour facteurs un produel et l’un de ses implicants duals . F = . « » étant l’élément neutre du produel, nous pouvons écrire :
En mettant « » en facteur dual nous obtenons :
De même le produel ayant pour facteurs duals un produit et l’un de ses implicants, s’écrit :
Nous tirons de ces égalité les deux théorèmes suivants :
Théorèmes.
Le produit d’une fonction binaire et de l’un quelconque de ses implicants duals, est égal à cet implicant dual.
Le produel d’une fonction binaire et de l’un quelconque de ses implicants directs, est égal à cet implicant dual.
Adjacences.
Deux produits « » et « » sont dits adjacents lorsque l’on peut passer de l’un à l’autre en complémentant l’un des facteurs et ce facteur seulement.
Nous pouvons également par dualité définir l’adjacence pour deux produels.
Deux produels « » et « » sont dits adjacents lorsque l’on peut passer de l’un à l’autre en complémentant l’un des facteurs duals et ce facteur seulement.
Théorèmes.
Le produel de deux produits adjacents est égal au facteur commun aux deux produels
Le produel de deux produels adjacents est égal au facteur dual commun aux deux produels.
La fonction « » est appelée « fonction adjacente » ou « variable adjacente » lorsqu’il s’agit d’une simple variable.
Méthodes générales de simplification utilisant la mise en facteur
Considérons le produit de produels suivant
« » peut s’écrire après mise en facteur dual de « » puis de « » :
Lorsque les fonctions ne remplissent pas complètement l’espace qu’elles occupent entre les deux traits verticaux qui symbolisent les produels, on peut compléter par des traits continus horizontaux comme cela est indiqué dans les expression simplifiées de la fonction « » ci-dessus.
En mettant successivement « » et « » en facteur, nous obtenons :
Ces mises en facteurs peuvent même se faire simultanément à droite et à gauche pour la première forme (produit), ou en haut et en bas pour la deuxièmes forme (produel). Cette façon de procéder introduit une solution étrangère.
Considérons en effet la fonction
Si l’on met, dans cette fonction, « » en facteur à droite, la simplification obtenue1
fait apparaître suivant le parcours indiqué par la flèche le produit qui n’était pas contenu initialement dans la fonction proposée. Cette simplification ne peut pas être effectué si .
Nous pouvons par contre effectuer une simplification par mise en facteur de droite à gauche, dans la fonction suivante :
Le produit indiqué par la flèche est identiquement nul puisqu’il contient en facteur deux variables complémentaires et . Il n’y a donc pas de modification introduite dans la fonction initiale et la simplification obtenue est valable.
Notons que dans certains cas, la solution particulière introduite est redondante et permet d’améliorer la simplification. C’est le cas de la fonction suivante :
Les deux parcours indiqués par les flèches, correspondent au même produit « ». Le produit « » en facteur dual de « » peut, en conséquence, être supprimé sans que la fonction soit modifiée. Nous obtenons donc finalement :
fait apparaître suivant le parcours indiqué par la flèche le produit qui n’était pas contenu initialement dans la fonction proposée. Cette simplification ne peut pas être effectué si .
Nous pouvons par contre effectuer une simplification par mise en facteur de droite à gauche, dans la fonction suivante :
Le produit indiqué par la flèche est identiquement nul puisqu’il contient en facteur deux variables complémentaires et . Il n’y a donc pas de modification introduite dans la fonction initiale et la simplification obtenue est valable. \\ Notons que dans certains cas, la solution particulière introduite est redondante et permet d’améliorer la simplification. C’est le cas de la fonction suivante :
Les deux parcours indiqués par les flèches, correspondent au même produit « ». Le produit « » en facteur dual de « » peut, en conséquence, être supprimé sans que la fonction soit modifiée. Nous obtenons donc finalement :
Le symbolisme choisi permet ainsi, par des mises en facteur simultanées de part et d’autre des expressions binaires, ‘établir des liens étroits avec la topologie et d’aboutir à des expressions simples ayant l’aspect de schémas.
Notons cependant que ces simplifications n’offrent d’intérêt que pour certains circuits utilisant une technologie où les éléments sont à commande isolée (relais électromagnétiques, optoélectroniques ou transformateurs ). Ce n’est pas le cas des circuits électroniques utilisant des semi-conducteurs des types diode et transistor.
Décomposition des fonctions binaires par rapport aux variables
Il est intéressant, dans un but de simplification, d’étudier les différentes formes que peut revêtir une fonction binaire relativement à une variable indépendante.
Définitions.
Nous dirons, par définition, qu’une fonction est monoforme par rapport à la variable « »
si cette variable intervient dans la fonction sous une seule de ses formes binaire (directe ou complémentée).
Nous dirons dans ce cas que « » est une variable monoforme de la fonction.
sont des fonctions monoformes par rapport à la variable « » à condition que soient des fonctions indépendantes de « ».
Nous appellerons fonction biforme par rapport à la variable « », toute fonction binaire dans laquelle la variable « » intervient à la fois sous ses deux formes (directe et complémentée) et nous dirons que « » est une variable biforme de la fonction.
sont des fonctions biformes par rapport à la variable « ».
Nous dirons qu’une fonction binaire est un produit monoforme de la variable « » lorsque « », ou « », est un implicant direct de cette fonction.
Un produel monoforme de la variable « » admet cette varaible ou son complément comme implicant dual.
Nous appellerons fonction carrée biforme, une fonction biforme comprenant quatre termes groupée en carré suivant un produit de deux produels de deux facteurs duals, ou suivant un produel de deux produits de de deux facteurs direct
Note 2
Propriétés des fonctions carrées biformes2 Les fonctions carrées biformes ont un aspect dual qui laisse prévoir des propriétés particulièrement intéressantes.
Toute fonction peut s’écrire sous la forme d’une fonction carrée biforme.
-
Si une fonction carrée biforme se présente sou sla forme d’un produit de produels,
nous pouvons l’écrire sous la forme de produel de produite en effectuant les produits élémentaires :
d’ou :
Nous avons ainsi établi le théorème suivant ; théorème fondamental et très imporant qui va permettre la recherche systématique des implicants directs et duals d’une fonction, par la méthodes des consensus.
Théorème.
Une fonction carrée biforme n’est pas modifiée par la suppression ou le tracé d’un trait vertical médian, à condition de disposer les facteurs complémentaires suivant une diagonale du carré correspondant à son expression symbolique.
Les facteurs « » et « » sont appelés simplement facteurs diagonaux de la fonction carrée biforme.
Ce théorème nous permet de passer ainsi facilement d’un produel à un produit et vice-versa, sans introduire de terme redondant. Ce qui justifie l’attention particulière consacrée à l’étude des fonctions carrées biformes.
tagada
Simplification par la méthode des « consensus »
Étant donnée une fonction carrée biforme, on appelle « consensus » de cette fonction, le produit des termes diagonaux non complémentaires, « consensus dual » le produel des termes diagonaux non complémentaires.
La fonction carrée biforme
admet comme « consensus » le produit et pour « consensus dual » le produel . \\ En procédent par produits effectués, nous pouvons écrire :
Le consensus est donc un implicant dual de « » et le consensus dual est un implicant de « ». Nous en déduisons les théorèmes suivants.
Théorèmes.
Nous pouvons écrire en effet :
@
De même :
Règles générales des « consensus ».
Donnons-nous la fonction carrée biforme :
- Le consensus « » mis sous la forme d’un produel de produits, traduit, lorsque l’un des produits apparaît en facteur dans un terme facteur dual de « », une condition suffisante pour affirmer que ce terme est redondant et peut être supprimé.
- Le consensus dual mis sous la forme d’un produit de produel, traduit, lorsque l’un des produits apparaît en facteur dual dans un terme facteur de « », une condition suffisante pour affirmer que ce terme est redondant et peut être supprimé.
Supposons que le consensus de la fonction carrée biforme « » soit mis sous la forme d’un produel de « » produits :
et que le consensus dual soit mis sous la forme d’un produit de « » produels :
Si la fonction « » est ub dacteur dual d’un terme de la forme « », ce terme est redondant.
Nous pouvons écrire en effet dans ce cas :
« » implicant de « », est un facteur dual et nous savons que :
d’où :
Si la fonction « » est en facteur d’un terme de la forme , nous pouvons écrire :
est un implicant dual du produel
donc,
Exemple de simplification par consensus.
Conisdérons la fonction
Il existe, dans le premier facteur de « » deux variables biformes « » et « » et nous pouvons faire apparaître successivement les deux fonctions carrées biformes :
qui admettent respectivement pour consensus :
et admettent pour consensus dual :
Nous voyons, par le consensus de la fonction carré biforme en « », consensus égal à , que les termes et peuvent être supprimés. Nous pouvons donc écrire :
Le produel contient le consensus dual
d’où,
Nous pouvons encore écrire :
La recherche des consensus conduit souvent à la simplification optimale des fonctions binaires. Elle complète utilement les méthodes se simplification par mise en facteur, transposition et adjacences.
Ces quatre méthodes combinées permettent, en général, lorsqu’elles sont utilisées judicieusement, d’obtenir les formes minimales.
Simplifications par adjacences
Les simplifications par adjacences sont les premières qu iont été utilisées en algèbre de « Boole ». Elles étaient, alors, les plus faciles à mettre en œuvre et ont donné naissance à différentes méthodes comme celle établie par « \textsc{Quine} et \textsc{Mc Cluskey} » ou celle des diagrammes de « \textsc{Venn} » et de « \textsc{Veitch} » que nous citons simplement pour mémoire.
Nous développerons, par contre, la méthode des diagramme de « Karnaugh » parce que ces diagrammes sont assimilables aux tracés des tables de vérité particulières dans lesquelles les adjacences sont topologiquement groupées ou bien se correspondent géométriquement par symétrie.
Le diagramme de Karnaugh se présente sous la forme d’un carré ou d’un rectangle selon la parité du nombre de variables. L’ensemble des variables est généralement partagé en deux sous-ensembles contenant, à une unité près, le même nombre de variables.
Au nombre de combinaisons de valeurs de ces deux sous-ensembles, on fait correspondre, respectivement, le nombre des cases de chacun des côtés du rectangle ou du carré. Il suffit ensuite de ranger les combinaisons de valeurs des varaibles dans un ordre respectant les adjacences par groupements ou symétries comme le précisent les exemples suivants :
Cas de deux variables.
Cas de trois variables.
Cas de quatre variables.
Cas de cinq variables.
Il est intéressant, comme cela est fait sur les exemples traités, de repérer chaque case par l’équivalent décimal du nombre binaire associé à la combinaison de valeurs qui lui correspond.
Pour utiliser le diagramme de « Karnaugh », on porte dans chacune des cases du carré ou du rectangle, la valeur que prend la fonction binaire envisagée pour la combinaison de valeurs des variables qui correspondent justement à cette case. Puis on constitue une table de vérité réduite, soit par rapport aux « » soit par rapport aux « » de la fonction selon ce qui paraît le plus simple, en tenant compte des adjacences possibles qui sont localisées avec facilité grâce à la distribution topologique particulière du diagramme. Il suffit ensuite d’établir la fonction à partir de la table de vérité réduite. Avec un peu d’habitude, on peut tirer la fonction directement du diagramme sous forme de produits ou de produels.
La méthode du diagramme de « Karnaugh » est intéressante et permet des simplifications rapides, mais présente l’inconvénient de n’utiliser que les adjacences comme mode de recherche des implicants. Le chaix des groupements et des symétries reste arbitraire et la méthode des mises en facteur et celle des consensus la complète utilement.
Exemples.
Les variables étant rangées dans l’ordre écrire à l’aide du diagramme de « \textsc{Karnaugh
» la fonction binaire simplifiée égale à zéro pour les combinaisons , , , , et des valeurs des variables.
On trace le diagramme de Karnaugh pour les quatre variables , , et . On inscrit « » dans les cases correspondant à 3, 7, 8, 9, 14 et 15 et « » dans les autres cases.
En groupant les cases adjacentes 3-7, 8, 9, 14-15 on obtient la table de vérité réduite suivante :
Ce qui permet d’écrire :
Mais on peut aussi bien grouper les cases adjacentes
et l’on obtient la table de vérité réduite relative aux « » de la fonction binaire.
Ce qui donne :
En utilisant les propriétés des fonctions carrées biformes, on peut écrire successivement :
Le diagramme de Karnaugh se révèle vraiment utile dans le cas où les fonctions binaires sont incomplètement définies et présentesnt un certain nombre de combinaisons de variables disponibles qui ne sont jamais réalisées et pour lesquelles nous pouvons attribuer à la fonction aussi bien la valeur « » sue la valeur « » selon les simplifications possibles.
Donnons-nous, par exemple, une fonction de cinq variables , , , , rangées dans l’ordre inverse des indices pour pouvoir leur faire correspondre les puissances de « » des nombres binaires associés.
Il s’agit d’écrire la fonction « » égale à l’unité pour les combinaisons ;
- Les combinaisons disponibles sont les suivantes :
La fonction est égale à zéro pour les combinaisons qui n’ont pas été considérées, c’est-à-dire :
Les données permettent de tracer le diagramme de Karnaugh suivant :
Nous pouvons tirer du diagramme, la table de vérité réduite relative aux valeurs « » de la fonction « » en utilisant au mieux les combinaisons disponibles repérées par le symbole « ».
d’où :
Nous pouvons également dresser une table de vérité réduite relative aux zéros de la fonction » en utilisant les combinaisons disponibles
d’où
Nous pouvons également écrire « » sous la forme :
Simplifications par transpositions, mise en facteur et adjacences.
Nous avons constaté dans ce qui précède que les transpositions, les mises en facteur et les adjacences sont des moyens qui permettent d’opérer des simplifications sur les fonctions binaires.
La méthode que nous proposons réunit xes trois moyens de façon efficace et systématique. Elle permet de simplifier une fonction binaire mise sous forme canonique avec le maximum de rapidité.
Nous savons que forme canonique est en générale une fonction carrée biforme lorsque l’une des variables a été mise en facteur partielle4
Si « » est une fonction canonique, « H » et « G » sont également des fonctions canoniques qui ne contiennent plus la variables « ».
Elles sont donc également carrées biformes et les fonctions diagonales résiduelles sont toujours des fonctions canoniques sur lesquelles il est donc possible d’effectuer des transpositions.
Soit « » le nombre de produits ou de produel élémentaires d’une fonction canonique. Le nombre total des variables littérales qui apparaissent dans la fonction est égal à « » si « » désigne le nombre des variables indépendantes.
Le nombre total de variables littérales qui apparaissent après la mise en facteur partielle de la variable « » est égal à :
, si « » est une variable biforme, et
, si « » est une variable monoforme.
Une fonction binaire peut être simplifiée, en opérant successivement des mises en facteur partielles, des transpositions et des réductions par adjacences.
Supposons, en effet, que la fonction canonique de « » variables contenant « » termes tels que (« » entier, positif, inférieur à ), soit écrite sous forme de fonction carrée biforme par mise en facteur partielle de la variable « »de telle manière que les deux fonctions diagonales « » et « » contiennent respectivement et termes (produits ou produels).
Nous avons nécessairement . Les « » et « » termes contiennent chacun les variables .
Si et , aucune transposition ne peut être envisagée.
S’il existe un nombre « » et d’adjacences relatives à la variable « » ; c’est-à-dire un nombre « » de termes communs aux fonctions « » et « », on peut opérer une simplification par adjacences, le nombre total réduit des variables littérales étant égal à :
lorsque et sont différents de zéro\\ et , dans le cas où « » est monoforme et où l’une des valeurs ou est nulle ainsi que « ».
La simplification par adjacences relative à la variable « », après mise en facteur partielle, fournit donc une réduction des variables littérales égale à :
Supposons par contre . , entier positif et inférieur à )
Dans ces conditions, la fonction diagonale « » qui comprend, termes, peut être transposée et le nombre de termes, après transposition,est égal à :
Le nombre total des variables littérales qui apparaissent dans la fonction « » ainsi simplifiée, est alors égal à :
La simplification par transposition après mise en facteur partielle de la variable « » fournit donc une réduction des variables littérales égale à :
« » est maximal, lorsque « » est maximal et nous remarquons que :
Il suffit donc, pour obtenir la simplification optimale par transposition, de faire une mise en facteur partielle par rapport à l’une des variables ou à la variable pour laquelle le module de la différence est maximal.
Théorème.
Lorsqu’une fonction binaire mise sous forme canonique, est simplifiée par mise en facteur partielle d’un variable, suivie d’une réduction par transposition, la simplification est optimale lorsque la mise en facteur partielle a été faite par rapport à une variable pour laquelle le module de la différence est maximal. Dans cette formule « » peut représenter le nombre de fois que la variable est écrite sous forme directe, et « » le nombre de fois qu’elle est écrite sous forme complémentée, dans la fonction avant mise en facteur.
Méthode pratique.
Pour opérer en pratique une simplification par transposition, mise en facteur et adjacences, on procède de la manière suivante :
- On écrit d’abord la fonction sous forme canonique si elle ne l’était pas et on la transpose dans le cas où le nombre de termes (produits ou produels élémentaires) est supérieur à « » ( étant le nombre de variables). On calcule ensuite, pour chaque variable, le module . On écrit la fonction carrée biforme relative à la variable, ou à l’une des varaibles « » qui correspond au maximum du module .
« » et « » étant les fonctions diagonales de la fonction carre biforme obtenue, on détermine le nombre « » des termes communs à ces fonctions diagonales.
Si « » et « » ne sont pas réductibles par transposition, on simplifie par adjacences en écrivant selon les cas :
« » et « » étant obtenus à partir des fonctions « » et « » en supprimant dans ces dernières les termes communs. et représentent donc respectivement et selon le cas, le produel ou le produit des termes communs ) « » et « ».
- Lorsque l’une des fonctions diagonales, « » par exemple, est réductible par transposition, c’est-à-dire que le nombre de termes qu’elle comprend est égal à , on calcule « » que l’on compare au nombre d’adjacences « ».
- Si , on procède comme précédemment.
- Si , on transpose la fonction « » mais on écrit « » et è » ou « » en tenant compte des adjacences.
En appelant « » la fonction transposée de « » on obtient selon le cas :
On poursuit la simplification en répétant les mêmes opérations pour les fonctions canoniques , , , ou jusqu’à épuisement du nombre de variables.
Exemples.
- Simplifier la fonction égale à l’unité pour les combinaisons de valeurs binaires qui correspondent aux nombres des quatre variables rangées dans l’ordre .
- la fonction, écrite sous la forme canonique, comprendrait dix produits alors que le nombre total de combinaisons de valeurs des quatre variables est égal à .
Nous pouvons donc simplifier par transposition en écrivant la fonction sous la deuxième forme canonique qui comporte combinaisons complémentaires et .
Le calcul des modules fournit :
- pour « »
- pour « »
- pour « »
- pour « »
Nous pouvons donc mettre « » oy « » en facteur dual. Établissons la fonction carrée biforme relative à « » par exemple :
Nous constatons qu’il existe une adjacence, indiquée par les flèches, mais que les fonctions diagonales ne sont pas susceptibles d’être simplifiées par transposition.
Nous écrirons donc :
Sans qu’il soit besoin de calculer les valeurs des modules , nous voyons que peut être mis en facteru dual dans la fonction diagonale :
peut être simplifiée par transposition.
Cette fonction est égale au produel qui n’y figure pas et qui par conséquent à la quatrième combinaison possible des deux variables « » et « ».
Finalement :
Nous pouvons, en pratique, opérer directement sur les tables de vérité. Nous pouvons, en ce qui concerne l’exemple proposé, écrire la table de vérité incomplète qui correspond aux valeurs « zéro » de la fonction « » et qui comprend les combinaisons repérées par les nombres décimaux et .
Le calcul de nous indique que nous devons mettre « » ou « » en facteur. Choisissant « » nous pouvons écrire :
« » correspond à une seule adjacence et s’écrit .
« » et « » ne se simplifient pas par transposition et nous pouvons établir après réduction par adjacence, les tables de vérité incomplètes suivantes :
Nous tirons de ces tables, .
La fonction « » peut être simplifiée par transposition puisqu’elle fait apparaître trois combinaisons distinctes de deux variables « » et « » alors qu’il en existe au total.
Nous pouvons écrire ainsi :
Après mise en facteur dual de , nous obtenons,
En utilisant les propriétés des fonctions carrées biformes, nous pouvons écrire également,
- N.B. Il résulte de l’étude qui vient d’être faite que les formes de produits de produels ou inversement, de produel de produits, correspondent très rarement à des formes optimales relativement aux variables littérales. Dans le cas qui nous occupe, les formes ,
comprennent respectivement 12 et 10 variables littérales. Elles ne sont pas optimales, puisque nous pouvons les réduire à huit variables par mise en facteur partielle. Ce résultat montre l’impossibilité d’obtenir des formes optimales par la simple recherche des implicants premiers comme l’avaient cru Quine, \textsc{Mc. Cluskey} ou \textsc{Scheinman}.
Nous en concluons que tout espoir d’optimisation passe d’abord, et nécessairement, par la connaissance approfondie des propriétés des fonctions binaires et aussi de leurs applications technologiques.
Fonctions carrées
La propriété des fonctions carrées biformes qui permet de passer très simplement d’un produit à un produel ou vice-versa, peut s’étendre à une fonction carrée sous certaines conditions.
Nous allons rechercher les conditions auxquelles doivent satisfaire les , , et d’une fonction carrée pour que soit vérifiée l’identité :
Cette identité mise sous forme algébrique s’écrit :
Ce qui donne, après simplification :
Théorème.
Les conditions nécessaires et suffisantes pour que l’identité soit vérifiée est que les termes , , et qui apparaissent dans les fonctions carrées, vérifient simultanément les deux identités :
et
Les solutions du type , , ou , conduisent à des mises en facteur direct ou dual très simples.
Notons que les fonctions carrées « biformes » correspondent aux deux cas particuliers où :
Parmi les nombreuses solutions possibles, il est intéressant de retenir celles qui correspondent respectivement aux relations :
Si, dans une fonction binaire mise sous formes « carrée », les produits des termes diagonaux sont respectivement nuls ou leurs produels respectivement égaux à l’unité, nous pouvons écrire :
Les conditions précédentes sont en particulier vérifiées lorsque : , , et ou lorsque :
Cela entraine différentes égalités qu’il est intéressant d’utiliser au cours de simplifications, telles les égalités suivantes :
ou
Les produits et les produels étant communicatifs, les permutations respectives des facteurs duals permettent d’obtenir d’autres égalités de même forme sous réserve d’écrire toujours des termes complémentaires aux extrémités des diagonales des fonctions carrées.
Exercices d’application relatifs au chapitre III
- On donne la table de vérité incomplète suivante :
Écrire la fonction « » sous forme canonique puis la simplifier en utilisant le diagramme de « Karnaugh ».
Vérifier la simplification par la méthode des transpositions, mises en facteur et adjacences.
Réponse :
- On considère le produel des produits de quatre variables , , , (première forme canonique) qui correspondent aux combinaisons .
- Transposer la fonction (deuxième forme canonique).
- La simplifier en utilisant la méthode des transpositions, mises en facteur et adjacences.
- Vérifier par la méthode de « Karnaugh ».
Réponse :
- Simplifier par la méthode des « consensus », la fonction suivante :
Réponse :
- On donne la table de vérité réduite suivante :
- Écrire la fonction « » qui correspond à cette table de vérité.
- Calculer les « consensus » relatifs à chaque fonction carrée biforme de chacune des variables.
- Simplifier la fonction en utilisant les consensus calculés et l’écriture successivement sous forme de produit de produels et sous forme de produel de produits en constatant qu »elle est carrée biforme e n« ».
Réponse :
Il n’existe pas de consensus relatif à « » qui est monoforme.
Fonction simplifiée :
- Simplifier les fonctions :
Réponse :
- Démontrer que si une fonction canonique, mise sous la forme de fonction carrée biforme, ne contient aucune adjacence relative à la variable mise en facteur partielle, son consensus est identiquement nul dans le cas de la première forme canonique (produel de produits) et son consensus dual est identiquement égal à l’unité dans le cas de la deuxième forme canonique (produit de produels.
- On donne dans l’ordre alphabétique, les six variables et le produit des produels correspondant aux combinaisons suivantes : . Dans l’équivalence binaire desnombres indiqués, on affecte à la variable » le poids « 32 » et successivement les poids et aux variables .
Simplifier la fonction « » par la mise en facteur, transposition et adjacences successives et vérifier le résultat par la méthode de « Karnaugh ».
Réponse :
- Établir les tables de vérité réduites relatives aux valeurs « » puis aux valeurs « » de la fonction .
Établir ensuite la table de vérité complète de « » et les deux formes canoniques correspondantes.
Réponse :
Tables de vérité réduites
\centerline { \begin{tabular}{c@{\hspace*{3cm}}c} \begin{tabular}{c} Table de vérité complète \\ \\ \end{tabular} & \begin{tabular}{r} Première forme canonique \\ \\ \\ \end{tabular} \end{tabular} }
- Établir les tables de vérité réduites relatives à la fonction simplifiée : . En déduire la première forme canonique (produel de produits) en partant directement de la forme donnée de « ».
Réponse :
On peut écrire :
Ce qui permet d’établir les deux tables de vérité réduites :
Pour obtenir la première forme canonique il suffit de multiplier le premier produit de « » par et le second produit par .
- Écrire la fonction « » qui correspond à la table de vérité suivante :
Puis la simplifier par la méthode des consensus.
Réponse :
- Simplifier les fonctions suivantes :
Réponse :
N.B. — Le trait vertical d’un produel, quand il n’est pas en extrémité, est équivalent au symbole d’un produit (.). Ce qui permet d’écrire :
L’algèbre de {\sc Boole} ne peut pas mettre en évidence d’une façon simple les proprétés fondamentales des fonctions carrées biformes qui ont une symétrie duale particulière et sont extrêmement utiles pour la simplification des circuits de commutation. ↩
Rappelons pour mémoire qu’une théorie complète des consensus, dans le formalisme de l’algèbre de {\sc Boole}, a été développée par Monsieur Tison ↩
La mise en facteur partielle correspond à une disjonction ↩